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Budo


"Art martial" est la traduction courante du terme japonais "budo". Cependant, un examen soigneux du kanji "bu" met en évidence deux éléments différents. Une partie du kanji représente des hallebardes d'où l'on peut tirer la traduction "combat", mais c'est oublier l'autre partie qui signifie "arrêter".    L'interprétation "arrêter les hallebardes" ou "empêcher le conflit" est donc plus appropriée. Le kanji "do" est, lui aussi, en deux parties : la première représente la pensée et la seconde des pas. C'est le cheminement de la pensée, la recherche de la voie. "Budo" est donc "art de la paix" ou "voie de l'harmonie".

     Les fondateurs des budo modernes ont tous eu pour objectif la recherche de la paix universelle. Le budo devait améliorer l'homme afin de construire une société pacifique et harmonieuse. C'est explicitement le discours de Sensei Gichin FUNAKOSHI dans les ouvrages qu'il a légués à la postérité. Le nom du style wado-ryu, fondé par Sensei Hironori OTSUKA, est tout aussi éloquent puisque "wa" veut dire "paix".

     Cependant, l'enseignement dispensé dans la majorité des clubs d'arts martiaux aujourd'hui ne ressemble guère à celui des pionniers. Quant à la diversité des pratiques, elle a de quoi laisser dubitatif le débutant qui visite quelques clubs pour choisir celui qui recevra son inscription. Sans doute existe-t-il plusieurs approches valables du concept d'art martial. Un même objectif peut être atteint à l'aide de différentes pédagogies. La discipline et l'étiquette peuvent, sans doute, être plus ou moins strictes.       Mais force est de constater que de nombreuses auberges servent un menu frelaté où le "budo", ou sa déclinaison "art martial", a disparu sous un fatras d'idées prétendues novatrices : on cherche le bifteck sous les frites.

     Tentons de cerner ce que recouvre le concept "budo".

L'art martial peut-il exister sans l'efficacité ?

     On voit fleurir des pratiques esthétiques, compétitives, ésotériques ; peuvent-elles se prévaloir de la mention "budo" ? Si les arts martiaux se sont développés c'est que nous vivons depuis l'antiquité dans un monde hostile, agressif, belliqueux... Les arts martiaux sont donc fondamentalement une réponse efficace sous peine de nullité. C'était la fonction essentielle de ce qu'on nommait "bu-jutsu". à partir de 1868, les budo ont fleuri au Japon. Leurs concepteurs leur assignaient d'autres fonctions, éducation et maîtrise mentale, mais oubliaient-ils pour autant l'efficacité ? N'oublions pas que c'est la peur qui rend agressif. De nombreux différends deviennent agression à cause de l'agressivité... de l'agressé. C'est pourquoi les arts martiaux doivent donner confiance en soi car l'individu serein est pacifique. Mais pour être serein, la maîtrise d'une technique efficace est nécessaire.   Le "danseur" de kata artistique n'a pas plus de raisons d'être serein qu'un danseur de tango ; le champion de kumite est, dans le cadre fort dissemblable de l'agression par rapport à la compétition, aussi démuni qu'un coureur de fond ; le spécialiste de la méditation transcendantale confronté à une bande de voyous ne sera pas moins tétanisé par la peur qu'un quelconque joueur d'échecs.

      L'art martial ne deviendra art de paix que lors de sa totale maîtrise car celle-ci se perçoit dans la sereine détermination du budoka même en dehors de l'action et dissuade l'agresseur potentiel. Ainsi, l'efficacité d'un art martial est indispensable pour permettre au pratiquant de se défendre, puis pour susciter sa tranquillité d'esprit et, enfin, éviter la naissance des conflits. Le budo est alors comparable à la force de frappe nucléaire. Comme le disait Sensei FUNAKOSHI : "Le karaté est fait pour ne pas servir".

      Pour changer le monde, il faut changer les individus. Pour pacifier le monde, il faut que chacun accède à la sérénité. Ce n'est possible qu'au travers d'une technique efficace susceptible de rassurer celui qui évolue quotidiennement dans un monde plus porté par la haine que par l'amour. Certes, il faudrait que l'humanité entière fasse la démarche, mais il faut bien que certains commencent. N'attendons pas les autres, commençons par soi.

     Mais comment reconnaître un vrai budo, c'est-à-dire un ensemble technique efficace ? Si cela est délicat pour le néophyte, l'analyse devrait être, théoriquement, plus aisée pour les ceintures noires. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Si un art martial permet d'œuvrer à la pacification de l'humanité et installe son pratiquant dans une réelle sérénité en lui garantissant sa sécurité, il semble absurde de cesser de s'entraîner. Pourtant, combien de porteurs de dan abandonnent après 10, 20 ou 30 ans de pratique ? La grande majorité ! Soit, ils n'ont rien compris au budo parce que leur sensei n'a pas su leur transmettre cette connaissance, voire qu’ils ne disposaient pas des capacités nécessaires à cette acquisition (mettons à part ceux qui ont arrêté pour changer de voie ou de "do") ; soit, la discipline qu'ils pratiquaient n'était pas un budo et leur professeur ne pouvait rien leur donner du tout. En réalité, juger de la pertinence d'un art martial est accessible à tous : il suffit d'observer sans a priori et de mobiliser une petite dose d'intelligence. Ainsi voit-on souvent des entraînements où le réalisme semble définitivement banni. Par exemple, la préparation exclusive au combat de compétition en karaté suppose que l'adversaire est seul, de face, sans arme, respecte des règles et obéit à l'arbitre ; on ne peut plus utopique. Ce type d'entraînement est éventuellement possible dans le cadre d'un budo, mais s'il en est l'unique forme, on se fourvoie. Les forcenés du kata sont fréquemment obsédés par l'esthétique des gestes, conditionnés en cela par les exigences des différents jurys d'examen ou de concours. D'ailleurs, si certains prétendent qu'un geste efficace est forcément esthétique, personne n'en a jamais établi la démonstration. Précisons plutôt que cette recherche a parfois pour conséquence de déformer la technique au point de la rendre inadaptée.

     Pour être qualifié d'efficace, un budo doit envisager toutes les situations imaginables et procurer des réponses pertinentes utilisables par toute personne normale consacrant le temps nécessaire à l'entraînement. En cas de doute, il convient d'interroger le sensei qui doit toujours pouvoir fournir des explications cohérentes car un budo n'a de sens qu'avec un bon professeur, c'est-à-dire un humble pédagogue. S'il est bon technicien, tant mieux, mais ce n'est pas la priorité. Mieux vaut un sensei modeste entouré de nombreux bons élèves qu'un instructeur dominateur qui démontre à chaque séance sa supériorité technique ou physique ; le premier prouve la valeur de son budo et de sa pédagogie, le second expose l'hypertrophie de son ego. C'est pourtant ce qu'ont fait la plupart des célébrités du monde des arts martiaux : hier, untel a prouvé la supériorité du karaté goju-ryu ; c'est, ensuite le kyokushinkai qui s'est illustré ; aujourd'hui le ju-jitsu brésilien ; et demain ? En vérité ces gens ne démontrent pas la suprématie de leur technique ; ils exhibent simultanément leur indiscutable force et leur arrogance.

       Première conclusion : ne peut prétendre à la dénomination "budo" qu'un ensemble technique efficace et complet susceptible d'assurer au quotidien la sécurité du pratiquant et de lui conférer confiance et sérénité.

Le budo est-il concevable sans discipline ?

     Le syndrome "Gymnase Club" a envahi de nombreux clubs d'arts martiaux. On entre et on sort quand on veut, on discute, on chahute, les saluts et autres cérémonials disparaissent ou sont expédiés comme des formalités sans intérêt et l'ambiance est plus proche de la foire (ou du stade) que du temple. Certes, s'il s'agit d'un sport comme un autre, pourquoi ne pas se comporter en banal sportif, footballeur, tennisman ou autre ? Mais si les techniques enseignées sont efficaces, donc dangereuses si elles sont utilisées sans discernement, une discipline stricte est absolument indispensable, sinon les accidents et les dérives fâcheuses sont inévitables. Il est donc nécessaire d'apprendre le respect des règles et d'être attentif à autrui, autrement dit d'aimer autrui. Le respect d'un code est le garant d'une vie sans heurts ; c'est vrai dans tous les domaines.

Mais l'individu, cela est fréquent, peut être en conflit avec lui-même. Ce type de conflit naît des désordres de l'esprit. Or, l'esprit a horreur du désordre ; c'est la source de son agitation, de ses questions insolubles, des rêves et des cauchemars (tentatives désespérées de l'esprit d'ordonner le fouillis qui en encombre les limbes).

    Des règles et une étiquette logiques et rigoureuses sont un bon point de départ pour harmoniser l'esprit, surtout quand, ayant compris l'utilité fondamentale de ces comportements, on en prolonge l'usage à tous les instants de la vie : s'imposer une hygiène de vie saine et régulière, ne pas se dérober devant ses obligations, investir totalement son esprit dans chaque tâche, etc. On s'aperçoit vite dans ces conditions qu'on est plus calme. L'esprit devient plus disponible et donc plus efficace. Et si vous aviez quelques tendances dépressives, tout rentre dans l'ordre.

       Deuxième conclusion : la discipline, c'est l'ordre et l'ordre est le fondement d'un esprit sans conflit.

Un budo sans recherche philosophique a-t-il un sens ?

    On l'a vu, les pionniers assignaient à l'art martial un dessein élevé. C'est pour cela que la valeur éducative des budo a rapidement été reconnue et qu'on a enseigné le karaté dans les écoles et universités japonaises. Cependant, même au Japon, les faits n'ont pas toujours confirmé les discours et l'enseignement s'est souvent cantonné à des principes élémentaires limitant ainsi sa portée et sa valeur philosophique. Dans le reste du monde, c'est le plus souvent le seul aspect technique qui a été véhiculé éventuellement assaisonné d'un rituel mal compris. Les "valeurs" modernes, compétition et hédonisme, ont encore écorné le bel édifice ne laissant subsister qu'un pâle succédané de l'art martial.

D'aucuns se sont quand même interrogés : comment rendre le monde pacifique en changeant les individus avec, pour seuls outils, une technique martiale et une discipline très stricte ? Si, comme on l'a vu, les bénéfices de ces deux éléments ne sont plus à démontrer, l'objectif semble trop ambitieux pour être atteint avec ce seul viatique. La réponse existait depuis longtemps au travers du bouddhisme et en particulier du Zen. Les samouraïs la connaissaient ; les fondateurs des budo modernes, souvent descendants de samouraïs, la connaissaient aussi ; tout comme elle l'était dans les vieilles écoles d'arts martiaux, bu-jutsu, et en particulier dans les écoles de sabre, ken-jutsu.

   Ego. : C'est bien l'ego qui est responsable des désordres de l'individu et, en conséquence, de la société. C'est ainsi que certaines écoles traditionnelles d'arts martiaux portent des noms qui signifient "trancher l'ego", "sans ego", etc. Tous les budo sont des "do" (voies) liés au bouddhisme Zen, au shintoïsme ou au taoïsme. Or, l'objectif du moine zen, c'est le satori ou illumination qui est la prise de conscience de la vanité de l'ego, de son influence néfaste et, par conséquent, de son rejet pur et simple. Car l'ego, que certains assimilent à leur personnalité et y sont donc très attachés, n'est finalement qu'un amas de conditionnements. S'en libérer, c'est voir clair, sans le prisme déformant des idées préconçues, ne plus connaître la peur ; c'est, enfin, être soi. Ne croyez surtout pas votre ego qui vous dit le contraire : il se défend et c'est bien naturel quand son existence est menacée.

Un exemple : quand les amants se disent "dis-moi que tu m'aimes", c'est l'ego qui se manifeste. Quand il entend "je t'aime", l'ego bombe le torse ; et si la terre entière lui dit "je t'aime", il en devient difforme, laid et méprisable. Car l'amour, c'est exactement le contraire. Il naît quand l'ego s'efface. Ainsi, celui qui aime est-il extrêmement attentif à l'autre et semble s'oublier lui-même.

    Au dojo, les élèves ont fréquemment la même démarche : "Sensei, dis-moi que je suis bon, occupe-toi de moi, regarde-moi, etc." Le sensei doit alors se livrer à un redoutable exercice qui consiste à guider l'élève dans son travail en évitant de le flatter s'il place un minimum d'espoir dans sa capacité à atteindre l'éveil (autre dénomination du satori). Dans certains cas, le vrai sensei pourra même donner l'impression de se désintéresser d'un élève tout en mettant en place les exercices qui lui permettrons de progresser. Cela est fort bien illustré par certaines histoires, écrites ou filmées, qui mettent en scène un sensei et son disciple, ce dernier étant souvent tenu de supporter fatigues et humiliations, parfois durant plusieurs années, avant que le maître ne semble s'occuper de lui.

    Nombre de budoka se sentent mieux pendant et après l’entraînement. Outre les bienfaits de l’exercice physique, le fait de se consacrer totalement, corps et âme, à une tâche permet d’oublier pour un temps son ego. C’est un des principes du zen qui recommande de mobiliser la totalité de son esprit sur une seule activité à la fois. Mais l’exercice pratiqué trois heures par semaine est insuffisant pour éradiquer l’ego, même s’il constitue un excellent départ. Le sensei doit donc veiller à ce que les élèves ne laissent pas gambader leur esprit : inattention, bavardage, etc. Malheureusement, il ne peut pas contraindre ceux qui sont plus soucieux de briller que de progresser mentalement et son action ne peut constituer qu'une incitation à s'engager sur cette mystérieuse et excitante voie.

    Nos civilisations modernes cultivent à l'excès l'hypertrophie de l'ego. Vouloir marcher à contre-courant peut sembler absurde ou utopique. Pourtant, tordre le cou à son ego est la seule voie qui garantisse bonheur et clairvoyance. Mais attention, si cela est possible dans un contexte donné et que l'aventure vous tente, c'est uniquement votre investissement personnel qui vous ouvre cette perspective. Et encore le résultat n'est-il jamais garanti. Cette démarche est symbolisée, au Japon, par les torii, portiques ouvrant sur... rien... pour celui qui ne comprend rien.

    Troisième conclusion : si l'on souhaite accoler "do" au nom d'une technique de combat, il est obligatoire d'offrir la possibilité d'accéder au nirvana, état dans lequel se trouve celui qui a réalisé le satori. Sinon, il s'agit d'une escroquerie.

Résumons Notre Propos :

Un budo est  un ensemble formé d'une technique martiale complète et efficace, d'une étiquette, d'un sensei capable d'établir un parcours initiatique et qui le désire vraiment ; c'est-à-dire qui pense plus à ses élèves qu'à lui. Exprimé autrement : un sensei compétent qui aime ses élèves. Mais, attention, comme on l'a vu plus haut, aimer n'est pas forcément répondre à la demande d'autrui quand cette demande émane de l'ego. Cela implique un minimum de clairvoyance de la part du sensei qui, s'il na pas encore atteint le nirvana, doit au moins savoir mettre la sourdine à son ego.

Les budo se pratiquent dans un dojo (lieu où l'on recherche la voie), mot que nous traduisons (ou que nous trahissons ; cest une habitude) par "gymnase réservé aux arts martiaux". Pourtant, au Japon, si vous demandez à quelqu'un de vous indiquer un dojo, vous allez vous retrouver dans un temple shinto ou bouddhiste. Il nous est d'ailleurs arrivé, ce n’était pas par erreur, de nous entraîner dans un temple. Ainsi, que vous vous adonniez au shintoïsme, au zen ou à un budo, si les moyens diffèrent, le but, dans un vrai dojo, est toujours le même : tuer l'ego.



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