Le BUNKAÏ
Les systèmes martiaux chinois et japonais ont intégré depuis toujours une forme de combat conventionnel qui a pour but de comprendre le sens des formes (KATA et TAOLU) . Ces exercices sont devenus avec le temps de véritables outils sophistiqués qui aident à la compréhension de l’art martial en mettant le pratiquant dans une situation proche de la réalité . Complément nécessaire du travail en solo des formes qui sont étudiées comme un rébus , les << Gong fang >> et le << Bunkai >> sont les réponses apportées à la codification secrètes des maîtres d’antan .
Les BUNKAÏ sont l’interprétation d’une technique issue d’un kata et son expérimentation en application pratique .
La transmission du karaté s’est fait essentiellement au travers des formes conventionnelles qui codifiait le savoir des anciens maîtres en une suite de mouvements qui étaient orchestrés dans une logique qui échappe parfois au pratiquant.
Le kata est un rébus qui est livré à notre sagacité de chercher afin de cultiver en nous le goût de la recherche et de l’équilibre . Chaque déplacement , chaque mouvement , chaque rythme d’une forme ont leur sens Parfois l’application martiale d’un mouvement est évidente ‘ parfois elle est obscure et parfois même elle est trompeuse !
Le BUNKAI permet de retrouver le sens caché des formes techniques qui sont comme des maîtres silencieux . En nous livrant les katas , les maîtres fondateurs d’une école , d’un style ou d’un courant ont voulu dans un premier temps codifier leur savoir pour le transmettre aux générations futures mais ils n’ont pas voulu mâcher le travail aux adeptes afin de les obliger à rechercher le bien fondé de certains de ces enchaînements . Le kata est parfois semé de pièges volontaires qui sont là pour mener celui qui n’a qu’une vision étriquée de son art , dans un labyrinthe dont il se trouvera hélas prisonnier à jamais .
L’interprétation de la forme visible ( kata ) est soumise à la connaissance de l’application potentielle ( bunkaî ) qui peut changer selon la façon d’exécuter la forme . Un pratiquant expérimenté ne pratiquera pas de la même façon un kata qu’un pratiquant plus novice , c’est en cela que le kata est un message vivant . Elle évolue selon le degré de pratique d’un individu mais aussi selon la sensation qu’il y met .
Les étapes de la progression d’un pratiquant sont connus dans la plupart des arts martiaux et obéissent sensiblement aux même paramètres .
Le premier stade ou stade initial ( après un entraînement intensif qui dure plusieurs années le pratiquant va à l’essence même des techniques qu’il a étudiées . La forme n’est plus son souci ? c’est le résultat qui compte .On réalise pas une technique , on est la technique , les mouvements d’apparats n’ont que faire de l’efficacité. Le pratiquant d’arts martiaux doit placer cette recherche au cœur de sa pratique. L’esthétique , la beauté d’un geste martial n’est que la résultante d’une harmonie extérieure et intérieure que l’on définit comme suit :
EXTERIEUR :
Mains en même temps que les pieds.
Epaules en même temps que les hanches.
Coudes en même temps que les genoux.
INTERIEUR :
Esprit / Volonté
Volonté / Respiration
Respiration /Energie
On ne cherche pas la beauté martiale, une technique bien faite est belle. La trajectoire de la technique de l’adversaire devient notre trajectoire, on attaque pas sa technique, on attaque sa stratégie ( son plan ) .
C’est à chaque coup, le coup juste.
Le BUNKAI permet de travailler << la distance juste >>, ce que le kata ne peut aborder du fait de son travail en solo . Le BUNKAI comme le kumité ne sert pas uniquement à perfectionner les techniques de base. Il développe la compréhension de la distance juste et du timing qui rendraient la technique inefficace sans ces deux paramètres fondamentaux. C’est par la l’adversité que le karaté prend sa valeur d’efficacité . Même si le KIHON et le kata sont l’essence technique du karaté. , le BUNKAI et le KUMITE sont son application concrète avec le concept de distance juste appelée maaî. :
"MAAI" est un terme intéressant à étudier. Son idéogramme représente un soleil qui brille entre deux portraits. Il peut selon les signes qui l’accompagnent signifier l’espace, le temps , le rythme , la chance…, Toutes ces significations peuvent s’appliquer au travail du BUNKAÏ et du KUMITE . L e karatéka qui se défend face à une attaque doit disposer de l’espace nécessaire au blocage et à la contre - attaque. Il doit couvrir cette distance avec le meilleur timing et au moment juste. Cela demande toujours du courage et parfois un peu de chance. La distance juste est impératif concret auquel le karatéka se heurte souvent et qui détermine l’efficacité de sa technique ou bien son échec .
Le BUNKAI permet non seulement de comprendre le sens caché du geste martial et de le mettre en application directe avec un partenaire mais c’est également le moyen de faire apparaître la face invisible du kata en se projetant de l’autre côté du miroir afin que le kata ne soit plus q’un combat imaginaire !
Recherche faite par Mr. SEKAIRIBA Abdellatif