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Combat

Le Combat

C’est le moment où deux techniques, deux volontés, deux esprits et deux corps s’affrontent dans un match où rien n’est fixé d’avance. Le combat libre ou de compétition, donne l’occasion au participant d’utiliser ses capacités en vue d’affronter le défi posé par les capacités de son opposant. Le mot « compétition » vient du latin cum petire; essayer ensemble. Chaque personne essaie d’actualiser son potentiel et cette tâche est facilitée parce que chaque adversaire force l’autre à faire de son mieux. Ainsi la compétition de par son entraînement spécifique, fait progresser le karatéka, car la compétition est un test d’efficacité qui permet aux compétiteurs de prendre conscience de leurs faiblesses, et ainsi de se remettre en cause. La compétition améliore la qualité de l’expérience lorsque l’attention porte sur l’activité elle-même ; lorsque le participant vise des buts extrinsèques –l’emporter sur l’autre, impressionner les spectateurs, gagner une médaille- au lieu de ce centrer sur ce qui se passe, la compétition devient une distraction, un spectacle qui nuit à l’expérience optimale.

C'est  le test ultime du zanchin, qui doit rester à la fois calme comme l'eau de la surface d'un étang, mais prête à s'infiltrer dans la moindre ouverture de l'adversaire. Dans l'esprit des arts martiaux, la réussite d'une technique est autant un acte mental que physique. L'état d'esprit qui doit gouverner toute action est appelé « Zanchin» et « Kime».


Zanchin

« Avant de vaincre un adversaire il faut vaincre soi-même par la maîtrise du corps et de l'esprit. » G. Funakoshi.

Se présenter sur un tatami pour combattre, c’est avant tout se battre contre soi même : se battre contre sa peur, ses doutes, son stress. Ce combat contre lui-même oblige le compétiteur à se remettre en question et ainsi favorise son développement en tant que karateka mais aussi en tant que personne. C’est pourquoi la compétition développe la persévérance et l’esprit Zanchin, indispensable à tout bon karatéka. Zanshin : signifie  vide de l'esprit et disponibilité mentale, une vigilance aiguë manifestée par le karatéka. Ces deux notions sont en fait complémentaires. Le premier fait référence au vide, c'est-à-dire que l'esprit doit être calme et serein, libre de tout stress et de toute pression extérieure. Un karatéka qui engage un combat dans un état d'excitation a de grandes chances de la perdre car ses actions sont désordonnées et ses faiblesses sont plus facilement perceptibles. La liberté de l'esprit est le préalable à la disponibilité, c'est-à-dire être prêt à répondre à tout moment à toute action extérieure. Avoir un esprit clair et limpide ne suffit pas; il doit rester vif, prompt à canaliser toute l'énergie mentale et physique dans l'action qui s'impose. Le combat n'est jamais terminé avant le sifflet de l'arbitre; il peut à tout moment prendre une direction imprévisible. L'exécution d'un coup, d'une action ne permet pas à l'esprit d'abandonner son attention. L'adversaire peut bloquer, riposter à tout moment, revenir alors qu'on le croyait hors de combat. On peut associer au zanshin "l'esprit du combat". Un peu comme les samouraïs, qui ne rengainaient leur sabre que lorsque le danger était définitivement écarté.


Kime

Sans l'esprit de décision (kime), il n'y a pas de karaté efficace. Le kime est l'ensemble des actions et attitudes qui interviennent dans la dernière phase du mouvement, peu avant l'impact (sun-domé) et maintenus un peu au-delà; et qui font pénétrer l'énergie développée par le coup dans la cible. C'est la phase d'efficacité d'une technique, aussi pourrions-nous dire du kime qu'il est une énergie pénétrante. Le kime en karaté est souvent accompagné d'un kiai , qui est l'extériorisation de toute cette concentration interne explosant momentanément. Il s'agit d'un cri intense et bref, partant du ventre, très typique du karaté.

C'est la manifestation sonore d'une attention physique et mentale rendue à son paroxysme, l'affirmation de la volonté inébranlable de vaincre. Il est expression d'efficacité, mais aussi une source supplémentaire, car il ne manque pas de troubler l'adversaire pendant une fraction de seconde, davantage si sa concentration est faible.

  C'est un des buts philosophiques de cet art martial que de parvenir à maîtriser son esprit dans cet élément. L'esprit doit demeurer concentré, prêt à saisir toute occasion, la fraction de seconde de déconcentration dans le regard de l'adversaire, le changement de distance, l'erreur de «timing», etc. Le combat est l'aboutissement de tous les efforts investis dans la technique au dojo et le test de l'efficacité réelle du karaté.


La Compétition

« La honte n'est pas d'être inférieur à l'adversaire, c'est d'être inférieur à soi-même. » M. Mandchoue

Lors des compétitions avec Karaté Québec, la NKA et la WKF, tous  les coups sont contrôlés afin de ne pas blesser l'adversaire. Les coups sont réglementés et les arbitres jugent les techniques des compétiteurs. Les techniques ne visent pas les points vitaux pour éviter les blessures graves. Les coups en bas de la ceinture sont interdits et le contact au visage doit être très léger. Toutefois, les coups au corps peuvent être assez appuyés. Le combat de compétition  se pratique, pour le karaté non contact, avec un protecteur buccal, des gants rembourrés, des protège-tibias, une coquille pour les hommes et des protège seins pour les femmes. Les compétiteurs  de haut niveau sont des athlètes et doivent suivre un entraînement spécialisé, et comme les athlètes des autres sports, l'âge des compétiteurs dépasse rarement la trentaine.

Le combat se déroule sur un carré de huit mètres de côté. Il oppose deux adversaires pendant une durée de trois minutes pour les hommes et deux minutes pour les filles. Le combattant situé à gauche de l'arbitre est appelé AO, il porte une ceinture bleue et des gants bleus. Le combattant situé à droite de l'arbitre est appelé AKA et porte une ceinture rouge et des gants rouges.

Ainsi trois juges situés autour de l'aire de combat face à l'arbitre central qui est sur le tatamis, possèdent chacun deux drapeaux, un bleu et un rouge, leur permettant de signaler les points marqués ou les fautes commises par l'un ou l'autre des adversaires. L'arbitre central a seul le pouvoir d'attribuer les points et les pénalités en prenant en considération l'avis des juges. Seuls les coups au-dessus de la ceinture sont autorisés, et seuls les coups touchant l'adversaire avec kime mais contrôlés sont comptabilisés.


La Technique et La Tactique

« Un bon soldat n'est pas violent. Un bon combattant n'est pas furieux. Un bon vainqueur n'est pas vengeur. » Tao-Te Ching.

Un bon soldat n'est pas violent. Un bon combattant n'est pas furieux. Un bon vainqueur n'est pas vengeur. Tao-Te Ching

Le véritable combat débute par la prise de distance, après le hajime de l'arbitre. Pour mener à bien un assaut, plusieurs principes sont appliqués, en voici quelques uns en vrac:

  • Conserver une parfaite stabilité, jambes légèrement fléchies, pas trop écartées sans déposer les talons au sol. Posture fudo dachi plutôt haute et souple. Position moyenne des bras, fléchis, coudes serrés, poings verticaux, buste et hanches de trois quarts.
  • La décontraction est indispensable à l'acquisition de vitesse, à l'esquive, au déplacement et à l'état de disponibilité à l'évolution du combat. Elle permet de ne pas être déséquilibré par l'impulsion d'un coup qui serait trop appuyé, trop tendu.
  • Avoir une attitude très calme, très posée, l'esprit comme l'eau (Mizu-no-kokoro): c'est le terme japonais pour décrire l'état de pureté d'esprit et de calme intérieur qui doit être recherché. C'est l'eau la plus calme qui reflète le mieux cette image : l'esprit vidé d'appréhensions, de distractions, d'intentions, de pensées inhibitrices sera plus apte à percevoir l'intention réelle de l'adversaire et à faire agir le corps en conséquence. Rester maître de son esprit, c'est également rester maître de son corps. Il faut donc que le karatéka garde en tout temps la tête froide. Il peut alors mieux évaluer correctement la situation, percevoir l'ouverture dans la défense de l'adversaire, permettre au corps de répondre par l'action appropriée, celle que le long entraînement a forgé. L'énervement, la peur ou la colère sont les ennemis du combattant. Une bonne maîtrise de son esprit permet donc de garder un bon contrôle de son corps et de sa technique; de rester détendu avant l'engagement et ainsi d'économiser ses forces ; d'éviter les gestes désordonnés, la crispation inutile, les grimaces ou tics du visage qui trahissent habituellement l'intention du combattant; d'impressionner aussi l'adversaire et de lui faire perdre sa propre assurance.
  • Être mobile pour être capable d'esquiver les attaques et d'exploser dans l'offensive (timing).
  • Multiplier les changements de rythme pour créer la surprise.
  • Ne pas téléphoner les attaques par des gestes parasites inutiles.
  • Ne jamais rester bloqué sur une attaque mais enchaîner avec opportunité dans l'ouverture.
  • Varier les déplacements en attaque comme en défense.
  • Varier l'offensive pour ne pas s'exposer au contre préparé, votre adversaire saura comment vous contrer si vous ne posséder qu'une seule technique d'attaque.
  • Avancer sur l'adversaire, prenez  les commandes dès le départ, enlevez lui son "air".
  • Tenter les contres les plus directs possible (l'idéal: l’attaque dans l'attaque).
  • Ne pas attaquer de trop loin (risque inutile de contre).
  • Effectuer les blocages avec un minimum d'amplitude.
  • Ne pas reculer en ligne droite pour éviter les sorties de l'aire de combat, et ne pas favoriser les enchaînements linéaires d'attaques de l'adversaire.
  • Ne jamais rester dans l'axe de l'adversaire. Feinter ! Tenir sa garde haute.
  • Ne pas laisser entrer l'adversaire dans son périmètre de sécurité.
  • Lancer une attaque au maximum de soi-même car une attaque réussie du premier coup est moins fatigante que 10 successives et ratées. Cette attaque doit faire reculer l'adversaire, il faut alors le suivre s'il tourne ou se désaxe.
  • Une attaque est un enchaînement de techniques qui ont pour but de surprendre, déséquilibrer, toucher l'adversaire !
  • Les japonais utilisent la métaphore de la lumière de la lune pour exprimer le genre de regard que doit poser l'esprit du karatéka sur son adversaire. Comme l'éclairage diffus de la lune, il doit voir la totalité de l'adversaire, ne se fixer sur aucun point précis. Ne rien regarder; tout voir. Le regard ne se fixera donc jamais sur la cible visée, un poing ou autre partie du corps, mais demeurera détaché afin de tout saisir, de tout voir sans rien regarder de précis.
  • Un KIAÏ peut servir de diversion avant d'attaquer. Un KIAÏ soutenant l'attaque en renforce la vigueur. Il peut servir à compléter une attaque: à fixer un rythme, pendant le combat, avec un cri grave venant du ventre; à faire bouger l'adversaire en faisant semblant de porter un coup tout en poussant un KIAÏ puis en frappant.

Recherche Faite Par Mr. SEKAIRIBA Abdellatif 




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