Le Karaté a été introduit au Maroc par les soldats français, en 1958. Pratiqué dans les casernes, il a fini par sortir dans la rue. La première salle de karaté verra le jour à Casablanca, plus exactement au quartier Bourgogne. À la salle Tijari Mohamed, Marocains et Français se livraient au Karaté mais dans son état brut, c’est à dire un mélange de Kung Fu, du pied-poings …
Il a fallu donc attendre l’année 1974 pour que les arts martiaux soient institutionnalisés au Maroc. Ainsi fut créée la Fédération Royale Marocaine de Judo et le Comité National de Karaté et D.A. On a mis à contribution le savoir-faire de Maitre Kasé, une figure emblématique des arts martiaux mondiaux. Mais ce n’est que 20 ans plus tard, en 1994 plus exactement, que le Karaté a retrouvé son autonomie en se détachant de la Fédération de Judo. C’était à la suite d'une assemblée générale extraordinaire et élective qui a jeté son dévolu sur Mhamedi Benomar. Mais l’homme siégea juste une année avant de passer le témoin à Hassan Bayahiaoui. Le motif est simple, M. Benomar ne pouvait cumuler la présidence de deux fédérations à la fois : judo et karaté.
Affaibli par les convoitises qui ont donné lieu à des guerres intestines pour le pouvoir, le Karaté national est balloté par les vagues pendant des années, avant l’arrivée à la barre en 2003 de Mohamed Mouktabil. L’embarcation retrouva son équilibre comme par enchantement, les dirigeants leur sérénité et c’est le début d’une ère nouvelle, qui se veut prospère.
Il sera ainsi, puisque les premiers résultats probants n’ont pas tardé à tomber. Ils sanctionnaient les sorties des équipes nationales de karatés et attestaient ainsi des vertus de la bonne gouvernance dont le bureau de M. Mouktabil a fait son leitmotiv. La restructuration des rouages de la Fédération et la mise à niveau des clubs à travers (entre autres) l’intérêt accordé à la formation des jeunes et des formateurs, ont contribué à arracher très vite le Karaté de la léthargie où il se morfondait. La machine qui toussait dans un passé récent, a commencé à carburer à merveille dès la moitié de la première décennie du nouvel millénaire. L’apothéose a été en 2009 quand le Maroc a gagné un titre mondial, aux Championnats du Monde organisés à Rabat. L’année 2010 confirmera le trend haussier. Le Maroc occupera le 2è rang aux Jeux islamiques sur les 150 nations participantes, ceci sans parler des Jeux Panarabes (2è) ou encore les Championnats d’Afrique.
Aujourd’hui, notre pays se positionne comme 2è puissance de Karaté dans le monde Arabe et sur le plan Africain. Et ce n’est que le début car le meilleur est à venir. En effet, les assises instituées par le Bureau Fédéral ne pourront révéler leur secret que dans le futur vu qu’elles sont inscrites dans un politique fédérale aux horizons à moyen et long terme.
À rappeler également que si nos karatékas ont forcé leur place parmi le gotha régional, continental et même mondial, nos dirigeants ne sont pas en reste. Le Maroc siège dans les instances internationales par l’entremise de quelques experts.
Autant dire que le karaté national n’est qu’à l’entame d’une carrière qui s’annonce prometteuse.
Gérer c’est prévoir. Les aiguilleurs de l’instance fédérale en ont fait leur leitmotiv dès le premier jour de leur investiture. Ils ont retenu une vision et décliné une stratégie dans le but de remettre le karaté national au niveau qui lui sied eu égard aux potentialités humaines et au savoir faire de ses éléments. Cette action est menée sous l’œil vigilant du président Hadj Mohammed Mouktabil, l’homme qui ne connaît que trop bien les méandres de l’activité et ce, pour avoir été champion lui-même et gestionnaire pendant de nombreuses années.
Le bureau fédéral a été confronté au facteur temps. Comment rebâtir dans un délai record un édifice érodé par de nombreuses années de léthargie ? Qu’à cela ne tienne quand la volonté et le know how font ménage. Le bureau fédéral a retroussé ses manches et entamé l’œuvre, loin des feux de la rampe. Le président a pris son bâton de pèlerin et effectué une odyssée qui l’a conduit aux confins du pays. Il fallait faire le constat des lieux avant de retenir l’alternative adéquate.
Mission accomplie du moment que la famille du karaté s’est montrée par ailleurs d'une grande complicité. Pas étonnant vu la confiance dont jouit le président comme l’illustre d’ailleurs son plébiscite à l’assemblée général constituante.
L’union fait la force, comme dit l’adage. La politique fédérale, bâtie sur des critères objectifs, a facilité la tache et permit d’optimiser le temps. Résultat, le redressement du karaté national s’est fait sans ambages et dans le Dead line arrêté.
Pas de secret pour la réussite de la mission. Il suffisait en effet de disposer des profils idoines et de mettre en pratique les enseignements de bonne gestion, notamment la bonne gouvernance. En optant pour une gestion rationnelle, transparente et prospective, la Fédération a mis de son coté toutes les chances de réussite.
La FRMK conduit simultanément une politique sportive de masse et d’élite. Aujourd’hui, le nombre de pratiquants de karaté au Maroc est estimé à quelques 200.000 personnes dont 31.000 sont affilées aux 800 associations réparties sur le territoire national. Le 8 mai 2010, la FRMK&DA a étendu son éventail pour toucher les établissements scolaires, après la signature d’une convention-cadre avec le Ministre de l’Education nationale.
Promouvoir ce sport passe par la multiplicité des compétitions locales, régionales, nationales, en plus des joutes internationales. Le calendrier annuel de la l’instance fédéral comporte à ce propos environ 50 manifestations nationales et 4 rencontres internationales. À leur tête, la Coupe Internationale Mohammed VI, organisée sans interruption depuis l’an 2000. Ce trophée de renom est devenu une étape importante dans le calendrier de l’instance internationale de tutelle et cela du fait que le Maroc a acquis une grande expérience en matière d’organisation. Et ce n’est donc point un hasard qu’il soit choisi pour ’organisation du championnat du monde en 2009, une manifestation qui s’est déroulée pour la première fois en Afrique et qui a réuni quelques 3500 athlètes et accompagnateurs appartenant à 95 nations.
On est unanime à reconnaître aujourd’hui que le karaté marocain est mis aujourd’hui sur orbite, mais du chemin reste encore à courir avant d’atteindre l’objectif suprême, celui de faire du Maroc une puissance mondiale en la matière quand bien même il est puissance régionale continentale. L’espoir est de mise du moment que notre pays dispose des moyens de ses ambitions et que ses sportifs soient sur un trend haussier ces dernières années.
Toute stratégie de développement de l’activité sportive ne saurait omettre le volet infrastructure. C’est une donne connue et reconnue. Et c’est justement à cela que s’était attelée prématurément la Fédération Royale Marocaine de Karaté et Disciplines associées qui avait programmé parmi ses priorités, la construction d’un centre national pour la préparation de karatekas de haut niveau.
Il s’agit d’un centre d’excellence qui accueillera les virtuoses évoluant dans les clubs aux quatre coins du Maroc. Les jeunes seront admis pour une formation de longue durée, sous la houlette d’un encadrement aguerris au métier. La cible concerne la tranche d’âge 14 - 18 ans. Les élèves seront pris totalement en charge, grâce à la formule sport-études. Les pensionnaires seront mis ainsi en meilleure situation matérielle et morale pour une préparation efficiente, propice à la performance du moment qu’ils seront soustraits à tous soucis de quelque nature qu’ils soient.
L’implantation du Centre National de Karaté dans l’enceinte du Complexe Prince Moulay Abdallah, à Rabat, n’est pas fortuite. Le lieu abrite l’un des grands complexe sportif du pays, avec l’avantage de proximité qui facilite le déplacement. Il jouxte une forêt qui offre un paysage vert et une atmosphère très oxygénée.
La gestion du Centre sera assurée par un personnel professionnel. Toute l’activité au sein de l’établissement est alignée sur les standards internationaux. Autant dire que la FRMK et Disciplines associées s’est évertuée à faire de cet ouvrage une référence en la matière et un appui pour l’organisation d’événements de grande envergure à même de contribuer au rayonnement de notre pays. Le Centre abritera le siège de l’équipe nationale de kata et une salle de sport pour le maintien de la forme, ouverte au public, servant ainsi d’appoint à l’infrastructure sportive dans la capitale.
Préparer les champions de demain mais sans pour autant ériger le Centre en citadelle réservée aux seuls pensionnaires. Il sera ouvert sur son environnement puisqu’il accueillera les enfants de la capitale et région désireux de s’initier à la pratique du karaté. Une opportunité offerte donc pour les champions en herbe et une action qui occulte son rôle socio-éducatif. En effet, en s’ouvrant au public, le Centre compte participer à la lutte contre la dépravation et contre les fléaux sociaux néfastes, cultiver chez les jeunes les valeurs du sport et du civisme.
Bref, le Centre National de Karaté constitue un jalon supplémentaire pour la consolidation du tissu infrastructurel sportif dans notre pays. Ce faisant, on aura tout simplement suivi les recommandations de la lettre Royale adressée aux assises de Skhirat (octobre 2008) qui avait insisté sur le rôle central à accorder aux installations sportives dans la mesure où elles constituent un préalable incontournable à toute politique de promotion de l’activité physique et sportive.